Message du petit frère
Durer dans la Présence de Dieu
« Dieu, dit Saint Jean de la Croix, demeure en tous les cœurs, fût-ce celui du plus grand pécheur du monde et y est présent en substance. Cette manière d’union est toujours entre Dieu et toutes les créatures, selon laquelle Il conserve leur être, de sorte que si elle venait à manquer, elles s’anéantiraient aussitôt et ne seraient plus ».
Nous sommes donc environnés par Lui de toute part, Il est présent à l’infini, Il remplit l’univers.
La Bible nous dit que « Dieu créa l’homme à son image et ressemblance, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa[i]. »
Nous sommes appelés à aimer Dieu pour lui-même, à venir lui tenir compagnie en lui donnant du temps gratuitement.
Prier est la meilleure manière de connaître Dieu, et d’expérimenter la douceur de son amour en demeurant avec Lui et en Lui.
La question fondamentale est de savoir par quel moyen sommes-nous capables de nous mettre en présence de Dieu et d’y demeurer continuellement.
1- La quête amoureuse de Dieu
« Comme une biche qui désire l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, ô mon Dieu, elle a soif de toi, Dieu de toute vie ».
Ce refrain inspiré du psaume 42(43) exprime le chant de toute âme qui sent comme un vide à l’intérieur et qui est en quête perpétuelle de Dieu.
Durant sa vie publique, Jésus avait deux activités principales : annoncer la Bonne Nouvelle et guérir les malades. Cependant, il faisait toujours une halte pour une autre nécessité : celle de rencontrer son Père dont il se savait profondément aimé. Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, prenait du temps pour Dieu à travers des moments de cœur à cœur, parce qu’à ses yeux, il y avait quelque chose dont il ne pouvait se passer : se retirer dans les lieux déserts, pour ne rien faire d’autre qu’aimer.
Nous sommes ses disciples, et nous sommes appelés à marcher à sa suite, à suivre son exemple, et ce de manière régulière : vivre cette rencontre d’amitié, en tête à tête avec Celui qui nous aime.
Toute relation avec Dieu est empreinte d’amour : je recherche mon bien aimé, je sais qu’il est là et qu’il m’attend pour ce rendez-vous.
2- Donner du temps à Dieu
« Ne venez pas à l’oraison d’abord pour recevoir, dirait Sainte Thérèse d’Avila, mais d’abord pour donner, pour tenir compagnie au Seigneur », en d’autres termes aimer Dieu pour lui-même et venir lui tenir compagnie en lui donnant du temps gratuitement, en croyant bien évidemment qu’il est présent et qu’il est plus grand que ce que nous ressentons ou comprenons.
Face à l’appel du Seigneur à venir à sa rencontre, nous nous faisons pauvres, sachant que ce cœur à cœur n’est pas vain, il produit assurément du fruit.
Nous calculons tout dans les moindres détails, rares sont les fois où nous décidons de « donner du temps à Dieu » dans nos programmes quotidiens.
Paradoxalement, lorsqu’il nous arrive de tomber amoureux, quelque soit le planning surbooké que nous puissions avoir, nous nous arrangerons toujours afin que l’être aimé puisse obtenir la majorité de notre temps.
Dieu est l’être aimé par excellence, tout en Lui est Amour, l’air que nous respirons, la nature que nous contemplons est imbibée de sa Glorieuse et aimante présence.
Arrêtes-toi une minute et regarde avec beaucoup d’attention tout ce qui t’entoure, tu trouveras le moyen de donner du temps à Dieu.
3- Durer dans la présence de Dieu
Le Curé d’Ars nous apprend que « la prière n’est autre chose qu’une union avec Dieu. Quand on a le cœur pur et uni à Dieu, on sent en soit un baume, une douceur qui enivre, une lumière qui éblouit. Dans cette union intime, Dieu et l’âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble ; on ne peut plus les séparer. C’est une chose bien belle que cette union de Dieu avec sa petite créature. C’est un bonheur qu’on ne peut comprendre. »
La difficulté principale lorsque nous envisageons d’entrer en présence de Dieu, est le silence.
Le silence qui implique l’ennui , parce qu’en réalité pratiquer ce que faisait le paysan d’Ars lorsqu’il s’arrêtait pour Dieu : l’aviser et lui en retour nous aviser, demande beaucoup de patience et de volonté.
Pourquoi trouvons-nous le temps si long ? Parce que notre regard est trop faible pour goûter à la présence de Dieu, dans ces moments où l’ennui se fait sentir remettons-le entre ses mains.
Pour pouvoir durer dans la présence de Dieu, et proclamer comme dit le psalmiste : « Car un jour près de toi, vaut mieux que mille ailleurs, je désire habiter dans ton temple. » il faut :
- savoir exactement ce que l’on veut faire de cette rencontre : tenir compagnie à Dieu, l’aimer, le contempler …
- apprendre à laisser au Saint Esprit de prendre le contrôle sur tout en nous et hors de nous
- nous dépouiller de toute autosuffisance
- accueillir la présence de Dieu
- accepter que de pécheurs que nous sommes, nous puissions nous tenir devant lui
- ne pas refouler les distractions ou les moments d’absence
- offrir notre vie, nous livrer totalement à Dieu
- accepter de s’ennuyer par amour
Les carmes nous enseignent, que l’ennui peut être une épreuve, une invitation à servir le Seigneur gratuitement, c’est un appel à persévérer dans la durée, sans exiger de récompense immédiate. Cela nous aide aussi à nous souvenir que nous sommes incapables de rencontrer Dieu par nous-mêmes et que nous avons toujours à nous comporter comme des pauvres à qui Dieu ne manquera pas de donner le nécessaire.
Lorsque nous aspirons à durer dans la présence de Dieu, nous devons nous souvenir que nous ne sommes jamais seuls, nous devons poser un acte de confiance et laisser Dieu faire le reste du travail.
« Mon esprit, pourquoi voulez-vous toujours vous empresser comme Marthe au lieu de vous tenir en repos comme Madeleine ? » dit Saint François de Sales.
Psaume 42 (43)
Comme languit une biche après les eaux vives, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu.
Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant, quand irai-je et verrai-je la face de Dieu ?
[…]
Oui, je me souviens et mon âme sur moi s’épanche, je m’avançais sous le toit du Très-Grand vers la maison de Dieu…
Le jour, le Seigneur mande sa grâce et même pendant la nuit, le chant qu’elle m’inspire est une prière à mon Dieu vivant […]
Avec toute mon affection votre petit frère
Amos-Stéphane DIBY
[i] Genèse 1,27